Découvrir, c’est génial mais à un moment donné, il faut songer à renflouer les comptes. Comme les opportunités pour un emploi dans mon domaine ne sont pas monnaie courante, j’ai décidé de me rabattre sur un « job alimentaire ». L’idée, faire des heures, récupérer quelques pièces en attendant la suite.
La première étape consiste à refaire son CV. Un CV québécois se doit d’être concret, du pratico-pratique ! Donc si vous cherchez un job de base, à quoi servent vos diplômes ? Cinq années d’études universitaires oubliées ! Vous avez des expériences professionnelles supérieures au poste désiré, elles ne doivent pas apparaître sur le CV.
Ensuite, on fouille les annonces dans la presse, internet, le porte-à-porte et surtout le fameux réseau. Un chiffre invérifiable mais 80 % des emplois pourvus le seraient sans annonces. Dans les faits, le CV compte assez peu, surtout s’il n’y a pas d’expériences dans le secteur souhaité. Pas besoin de se fouler pour les lettres de motivations, ça c’est cool !
Une fois les contacts élaborés, on passe à l’entretien d’embauche :
C’est souvent une entrevue rapide, décontractée : « c’est bien », « c’est parfait ». Vous ressortez en pensant que l’affaire est dans le sac. Et non, grosse différence culturelle, ici, vous êtes toujours dans le positif.
Ou alors l’entretien s’éternise avec plein de questions « stupides » pour un job où il n’est nullement besoin d’avoir inventé l’eau chaude !
Bon, après un mois de recherches plus ou moins intenses, j’ai décroché trois boulots le même jour et j’ai répondu favorablement à deux.
Le fait d’avoir deux emplois est fréquent car, souvent, il s’agit de temps partiel. Mais dans ma version, j’ai délibérément choisi de testé le fameux « Travailler plus pour gagner plus » : 40 h de nuit dans un magasin de jouets et un temps partiel de 20 h dans un supermarché à 300 m de chez moi.
Pour le job de nuit, les horaires sont normalement fixes : 00 h – 8 h du mardi au samedi.
Pour le job de jour, les horaires sont variables sur l’amplitude horaire du magasin, à savoir de 7 h à 23 h. Vous connaissez votre planning pour la semaine 48 h avant le début de celle-ci. Les horaires et le volume d’heures peuvent varier toutes les semaines même si j’ai été recruté sur une base de 20 h.
Pourquoi faire deux jobs ?
La motivation est purement financière car les salaires ne sont pas mirobolants. Pour ce type de poste, le salaire minimum est de 9 $ de l’heure, soit 5.6 €. Mes deux boulots sont payés respectivement 10 et 10.5 $ de l’heure. La paye est hebdomadaire et le salaire est déterminé par le nombre d’heures effectuées.
Le contrat, au supermarché, il n’y en a pas comme très souvent. Par contre, j’ai contracté avec une multinationale du jouet en Amérique du Nord. Au moins 12 signatures pour un contrat saisonnier ! Deux clauses m’ont fait sourire : la durée de la période d’essai (90 jours) et je n’ai pas contracté avec le magasin mais avec la maison-mère, donc je peux être amené à travailler à l’autre bout du pays à tout moment! Autant dire que vous êtes licenciable du jour au lendemain.
La réalité de cette première semaine de boulot.
Le planning du supermarché ne comptait pas 20 h mais 40 h. Quand au magasin de jouets, le vendredi matin, il fut demandé à l’équipe d’embaucher à 22 h le soir même. L’ensemble du personnel accepta sauf ceux qui avaient déjà programmer leur soirée. Arrivée à 22 h, on nous annonça qu’on allait finir à 7 h pour ne pas avoir à nous payer des heures en heures supplémentaires. Donc, cette nuit qui devait compter 8 h de travail, en fit 9 h pour ceux qui embauchèrent à 22 h mais que 7 h pour ceux qui arrivèrent à minuit. Une heure de moins, c’est 10 $ de moins sur la paye !
Bilan de cette première semaine de travail : 73 h car le 1er décembre était un mardi.
Bienvenue dans la réalité du travailler plus pour gagner plus. Une flexibilité maximale, une précarité de l’emploi extrême. Dans mon cas, c’est temporaire, je n’ai pas de familles à charge, etc. mais il faut qu’on m’explique comment on peut avoir une vie sociale dans ces conditions. Début janvier, je publierai un bilan du mois de décembre, avec mes revenus et quelques éléments du coût de la vie au Québec.
Et pour les inquiets, pas de soucis, c’est moins stressant qu’une saison !!!